2011 : l'été des sargasses
Les sargasses, qu'est-ce que c'est ?
C'est la différence entre les deux images ci-contre, pourtant prises du même point, à quelques mètres près :
- la première, c'était le
17 avril 2011
,
- la deuxième, c'était le
16 septembre 2011
. (Amener le curseur de la souris sur l'image)
Une algue, venant
de Floride
et passant par
les Bermudes
s'égare dans
l'Atlantique
jusqu'à rencontrer les courants et les vents qui vont bien pour revenir sur
les Caraïbes.
Toutes les iles sont concernées :
Martinique
et
Guadeloupe
, avec leurs petits satellites tels
St Martin
,
St Bart
, etc. Mais aussi, naturellement les iles non françaises de l'arc volcanique.
Tous les ans, l'été est sujet au passage de quelques bancs d'algues. Mais pas de quoi fouetter un poisson chat.
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Juillet a vu passer quelques premiers prémisses. Plus que d'habitude. Mais pas encore la catastrophe.
Mais, petit à petit, les bancs se font plus nombreux. Plus étendus.
Ici, par exemple, l'image est prise depuis la tour du Chameau, le sommet des Saintes, au sud de Grande Terre.
On voit passer les taches de sargasses dont quelques-unes ont été soulignées. C'était encore de petits paquets.
Des pilotes disaient voir des bancs de 4 à 5 km de long errer dans l'Atlantique.
Personne ne sera épargné. Toutes les côtes «sous le vent», donc exposées aux alizées sont à la même enseigne.
Notre petite plage, même protégée par la barrière de corail, s'en prendra
plein la figure.
Voici une chronologie des évènements.
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Ce n'était qu'un début !
Début juillet 2011
Les amoncellements d'herbiers dans les anses sont fréquents. Surtout après une période de mer agitée.
Mais ici, on constate les premières attaques de sargasses, début juillet 2011.
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Fin août 2011
Des tonnes de sargasses se sont accumulées le long des côtes. Et les passages ne sont pas terminés.
Les amoncellements commencent à se putréfier en exhalant une odeur nauséabonde tout le long des rivages. Cela pue sur des km de côtes.
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Le gros du passage : fin août - début septembre.
La presse locale
Le journal local,
France-Antilles
rapporte tous les jours ou presque des faits ou méfaits des algues ou de leurs conséquences :
- sont-elles valorisables ?
- qui les enlève ?
- ...
Qui paye les travaux ?
Est-ce l'Etat ? Il est propriétaire du littoral...
Est-ce les communes ? Ont-elles les moyens matériels et financiers de le faire ?
Est-ce les Collectivités territoriales ? Conseil Général et Conseil Régional se renvoient la balle.
Mais, la question de fond est simple : on enlève aujourd'hui pour recommencer demain ou on attend la fin de la crise ?
La réponse est multiple.
Le petit port de
St Félix
, à
Gosier
, est bloqué complètement : les pêcheurs ni sortir ni entrer dans le port.
A
St François
, la petite plage au bout de la Marina est nettoyée par les riverains : 8 opérations en 1 mois et demi, à leurs frais. C'est cela ou ils ne peuvent plus exercer leur activité touristique.
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Celles-ci passent...
Régulièrement, au fil des jours et des nuits, au gré des marrées, au gré des vents, les bancs de plusieurs centaines de mètres de long , de plusieurs dizaines de mètres de large dérivent le long des côtes. Plus dense que le peloton du
Tour de France
!
Deux solutions : votre côte à vous est dans le sens de la dérive ? Elles ne s'arrêteront pas. Mais, si votre côte est orienté plein est, ce qui est le cas des criques, des anses sur la côte sud de
Grande-Terre
, vous en prenez plein la figure !
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C'est le cas du petit port de pêche, juste à côté de la villa.
Ce qui ne fait que passer devant chez nous reste là, à quelques centaines de mètres.
Il y a la surface. Mais, on ne voit pas l'épaisseur de la couche : par endroit 20 à 30 cm en pleine eau. Mais, avec le tassement au rivage, on arrive à plus de 50 cm.
Et le plus gros n'est pas encore arrivé !
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La Désirade,
premier caillou depuis les côtes d'Afrique s'en prend plus que son compte. Ce qu'elle n'arrête pas arrive directement ici, à
la Pointe des Châteaux
.
Chaque petite crique est un bonheur pour les algues !
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Marina de St François
Ici, détail de la pollution dans la marina de St François.
Les premières algues arrivées sont en train de se décomposer là, juste entre les yatchs et les voiliers.
Mais, ce n'est encore qu'un hors-d'oeuvre à comparer à ce qui va arriver dans quelques jours : la marina sera submergée complètement. Malgré les nettoyages, elle restera nauséabonde plusieurs jours.
Voir les images déposées sur
Facebook
par le centre de plongée
Noa plongée
.
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Les plus fortes attaques
Toujours notre petit port de pêcheurs.
Les premiers jours de septembre ont été les plus rudes.
Avec des aller - retours désolants !... Et désespérants !
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Ici, toujours notre petit port.
Le 3 septembre, à 7h du matin (Le fichier exif de l'image me dit 6h48 !)
Le miracle des marées a fonctionné...
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Deux jours plus tard : le mal revient.
Mais, plus sournois !
Au début, c'était des beaux bancs d'algues bien propres, bien saines.
Maintenant, elles pourrissent dans l'eau. Si une grande partie flotte, nombreuses sont celles qui nagent entre deux eaux, en décomposition avancée.
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Les algues se décomposent. Elles laisse un jus putride qui laisse les eaux, d'habitude si claires, comme du café trop lavé.
Elles se réchauffent au soleil, réchauffant aussi l'eau qui devient du vrai court-bouillon. Et l'élévation de la température accélère le cercle vicieux.
Et distribuant un arôme des plus délectables.
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Tout le monde y a droit.
Ici, l'une des plus belles plages de guadeloupe :
la plage de la Caravelle
, plage connue par tous les usagers
du Club Med
.
Le Club est fermé depuis quelques jours, arrêt technique habituel de fin de saison. Donc, la plage n'est plus entretenue comme aux périodes d'ouverture. Ici, le 14 septembre 2011.
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Pointe nord de guadeloupe
La Grande Vigie est l'avancée la plus nordique de Grande-Terre.
Quand on arrive, en avion, on passe généralement juste au-dessus. Pour les chanceux qui sont aux hublots, c'est la première image.
Voici l'entrée de la crique du Trou de l'enfer, le 14 semptembre 2011, premier paysage habituellement accueillant de Guadeloupe.
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Conclusions ?
Bilan ?
Il est certainement trop tôt, début octobre, pour clore le bilan des dégats des sargasses en Guadeloupe.
Problèmes pour les pêcheurs locaux. Problèmes touristiques. Problème d'élimination des milliers de tonnes de résidus des algues, etc.
Pour autant, il-a-t-il des effets positifs : les oiseaux s'en donnent à coeur joie au milieux des moustiques qui mangent les sargasses.
Et mieux encore : maintenant que les tas de sargasses sèchent au soleil, ils se tassent ... en laissant émerger des tonnes de détritus humains que les algues ont entraînées avec elles !
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Quel sera donc l'enjeu ?
- Faire disparaître les sargasses ? Il est fort possible que Dame Nature s'en charge toute seule !
-
Faire disparaître les tonnes de résidus plastiques flottants que les sargasses ont déposés sur nos plages ?
La question est posée.
Dimanche 2 octobre 2011, c'était la collecte des déchets humains le long des côtes de Guadeloupe. La première manche a été jouée cet été. A quand la deuxième manche : le ramassage des milliers de tonnes de plastiques et autres résidus ? Ad vitam ... ?
Question plus concrète :
pendant combien d'années, les promeneurs qui arpenteront les côtes de Guadeloupe (et/ou d'ailleurs !) rencontreront-ils des milliers de résidus en se demandant comment ils ont pu échouer ici ?
Post Scriptum
Dimanche 16 octobre 2011
Nous remarchons sur le trace
Anse à l'Eau - Anse à la Croix.
Nous ne pouvons que constater que l'épisode des sargasses n'est pas terminé en
Guadeloupe.
Voici une nouvelle image qui montre bien :
- les algues en voie de décomposition avancée, brun très rouge. Elles ne sentent d'ailleurs plus.
- les algues fraichement arrivées.
Et on apperçoit toujours des traces de banc d'algues à l'horizon, au grès de la houle et des vagues.
Trace Anse à l'Eau - Anse à la croix :
sur la côte est de Grande Terre, entre
St François
et
le Moule
. Donc sur la façade atlantique de l'ile.
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Re-post-scriptum ou Re sargasses !
12 février 2012
Depuis quelques temps, on voit des bouquets de sargasses défiler le long des plages. Quelques uns s'arrêtent le temps de se sécher un peu avant d'être à nouveau embarqué par la marrée.
Mais, sur les plages exposées plein est ou nord-est, la catastrophe semble se renouveler !
Ici, une image à l'anse à l'eau, dimanche 12 février.
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